LE LIEU DE LA CULTURE UNIQUE

LA CULTURE DANS LA CITÉ DES DONNÉES
La culture de la Cité des Données tend à s’uniformiser sous l’influence des algorithmes et des systèmes propriétaires. Elle se façonne en effet pour « plaire » aux machines plus qu’aux humains.
Le hacking et le bidouillage deviennent une forme d’art, lorsque le mystique vient quant à lui réenchanter un monde soumis à la rationalité du numérique.

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LA CULTURE SOUS CONTRÔLE

La culture institutionnelle se montre toujours aussi fermée : à l’image des murs autrefois “alloués” au street art – sur autorisation préalable – il est toujours impossible pour les artistes non-certifiés de se servir de l’infrastructure urbaine pour concevoir ou afficher leurs productions. Certains y voient une forme de censure, quand d’autres arguent qu’il n’est pas possible de faire n’importe quoi dans l’espace public.

LA CULTURE UNIFORMISÉE

Contre toute attente, alors que le numérique était un formidable accélérateur pour décupler les formes de cultures et les faire interagir entre elles, il s’est produit une certaine uniformisation.
D’une manière plus implicite, les productions culturelles tendent à se façonner, de telle façon qu’elles seront mieux référencées, reconnues et promues par les algorithmes de la ville intelligente. Tout comme ce qui a pu se passer avec le référencement en ligne dans les années 2000, il ne s’agit plus d’attirer les humains en premier lieu, mais bien de faciliter la tâche aux navigateurs intelligents urbains.

UNE BULLE CULTURELLE

Selon le même principe, les déplacements, assistés par des algorithmes, reposent sur une géolocalisation des lieux d’intérêt, ce qui crée une bulle de filtre culturel à l’échelle des individus. Pour coller au plus près des intérêts des citoyens – et également pour les pousser à consommer – leurs systèmes de navigation personnalisée les dirigent en priorité vers certains lieux, supposés leurs plaire, et viennent en masquer d’autres pourtant à proximité immédiate. Cela revient à enfermer l’habitant dans une seule et unique expérience de ville par un phénomène d’autopropagande culturelle, voire sociale.

UN DÉNI DES SPÉCIFICITÉS LOCALES

La Cité des Données, tout comme d’autres villes intelligentes, souffre de l’écueil de décontextualisation et des problèmes de transpositions culturelles. La plupart des solutions Smart City sont pensées de manière générique sans prendre en compte les spécificités locales. Dans d’autres cas, elles sont imaginées et marketées pour des usages US ou anglo-saxons, embarquant en leur sein une vision de ce qu’est la culture urbaine dans ces pays. Cela entraîne alors forcément des décalages d’usage avec les pratiques et les cultures, notamment dans des contextes non-occidentaux.

LES CONTRE-CULTURES URBAINES

Face à l’uniformisation silencieuse de la culture sous l’effet des systèmes intelligents, on note l’émergence d’une contre-culture urbaine. L’art des rues intelligentes, notamment : à base de hacking, des hacktists – hacker artistes – viennent détourner les panneaux d’affichage et l’art officiel et s’intégrer à des éléments d’infrastructure supposés fermés. Ils pratiquent le cultural jamming se moquant de la culture mercantile de la Cité des Données.

Dans un registre plus exotique, on trouve le Techno-Chamanisme. A l’heure des big data et des algorithmes prédictifs, les diseurs de bonne aventure interprètent les données personnelles au coin de la rue pour lire l’avenir de ceux qui souhaitent y croire. C’est la rencontre du mystique avec un monde où tout se calcule et s’analyse, ce qui nous rappelle que malgré tout les systèmes intelligents à notre disposition, nous ne sommes toujours pas des êtres à 100% rationnels.

Une bot culture se développe également : des algorithmes programmés pour créer leur propre contenu culturel, visuel ou littéraire, qu’ils diffusent sur les canaux connectés urbains. Silencieusement, ces robots numériques conçoivent des pans de la culture humaine sans qu’on le sache ou sans qu’on s’en rende compte. Saviez-vous que les bulletins d’information de la presse locale sont aujourd’hui écrits par des robots à partir des données brutes transmises par la Cité ?